Paris, le 4 mars 2025
Il est des réussites qui se mesurent en chiffres, d’autres en empreintes laissées sur leur époque. Le Groupe Premium, qui célèbre cette année son vingt-cinquième anniversaire, appartient indéniablement aux deux catégories. Avec 15 milliards d’euros d’actifs sous gestion, soutenu par des investisseurs de renom tels qu’Eurazeo, Montefiore Investment et désormais Blackstone, le groupe a su imposer sa signature dans la gestion de patrimoine. Mais ce qui frappe avant tout, c’est la philosophie qui sous-tend cette ascension. À la tête de cet empire financier, Olivier Farouz ne se contente pas d’aligner les succès ; il interroge, déconstruit et redéfinit la notion même de réussite.
Loin des archétypes du dirigeant obnubilé par la seule maximisation du profit, il se pose en une figure plus nuancée, plus introspective. Son ambition ne se résume pas à la performance financière, elle se pense en écosystème, où la rétribution, le partage et la valorisation des hommes et des femmes qui construisent l’entreprise prennent un rôle central. Le capital, chez lui, ne s’additionne pas, il se redistribue.
De la vertu à l’action
Tandis que les discours sur l’inclusivité abondent, mais peinent souvent à dépasser l’effet d’annonce, Olivier Farouz a fait un choix radical, celui de l’action tangible. Bien sûr, en théorie, chacun peut se revendiquer vertueux, prôner un capitalisme plus équitable et inscrire le « partage de la valeur » dans sa profession de foi. L’idée est séduisante, elle résonne avec l’air du temps, et peu oseraient s’y opposer frontalement. Mais passer de la parole aux actes est une toute autre affaire. Ouvrir réellement le capital de son entreprise à ses collaborateurs et partenaires, partager les fruits de la croissance avec ceux qui la produisent, cela exige autre chose qu’un simple alignement rhétorique. Il faut du cran, une conviction profondément ancrée. Car l’exercice implique d’abandonner une part de contrôle, d’accepter qu’une entreprise ne soit pas l’apanage d’un seul homme mais le fruit d’une intelligence collective.
« Ce que l’on distribue avec discernement, on le récolte avec profit », Olivier Farouz
Loin d’être une posture opportuniste dictée par la tendance actuelle, cette philosophie est chez lui une intuition ancienne. Bien avant que le « partage de la valeur » ne devienne une prérogative pour les entreprises sous la pression sociétale et politique, Olivier Farouz l’avait déjà mis en œuvre. Aujourd’hui, 700 collaborateurs et partenaires du Groupe Premium sont actionnaires. Non par un simulacre d’engagement sociétal, mais par conviction profonde que la richesse ne doit pas se concentrer entre quelques mains, au risque d’étouffer l’énergie collective. « Ce que l’on distribue avec discernement, on le récolte avec profit », aime-t-il à répéter. Une déclaration qui pourrait sembler naïve dans un secteur où la compétition est rude, mais qui, chez lui, relève d’un pragmatisme lucide. Et les chiffres lui donnent raison, « En six ans, on a multiplié la valeur du groupe par 40. Une performance qui s’inscrit, paradoxalement, comme un véritable exercice d’humilité. », commente-t-il.
Son parcours est jalonné de cette approche du capitalisme éclairé, où l’efficacité économique n’est pas incompatible avec la justice sociale, mais en est au contraire le ressort caché. Ce souci du collectif ne relève pas d’un romantisme entrepreneurial. Il est stratégique, calculé, pensé comme un instrument de pérennité. Car, selon lui, un partenaire impliqué, valorisé, associé à la croissance de l’entreprise, est un partenaire qui performe. Il n’y a là ni idéalisme béat, ni posture philanthropique, simplement une vision du leadership où l’intelligence collective l’emporte sur l’ego individuel.
De l’intuition comme art du pouvoir
Rares sont les dirigeants à théoriser leur instinct. Olivier Farouz, lui, en a fait un principe cardinal. « Je réfléchis de la même manière quand j’achète une boite à 10 millions, que lorsque j’en achète une à 500 millions », affirme-t-il. Il le dit sans détour : ses pires décisions sont celles où il n’a pas suivi son intuition. Mais attention, chez lui, l’instinct ne se confond ni avec l’improvisation, ni avec la précipitation. Il s’agit d’une forme d’acuité mentale, une capacité à capter les signaux faibles du marché et à les convertir en décisions stratégiques, parfois en une poignée de minutes. Cette rapidité d’exécution n’a rien de compulsif. Elle repose sur une écoute rigoureuse de ses conseillers et un discernement forgé par l’expérience. Là réside sans doute l’un des secrets de son ascension : savoir quand écouter, mais aussi, qui écouter. Car le pouvoir repose moins sur l’omniscience supposée d’un leader que sur son aptitude à s’entourer des bonnes personnes. Churchill ne disait-il pas qu’un bon dirigeant est avant tout celui qui sait s’entourer de meilleurs que lui ? Olivier Farouz sourit à cette évocation et confie « Vous voyez ce livre derrière moi ? Il retrace la vie de Churchill », l’un des nombreux clins d’œil à sa fascination pour l’homme d’État britannique, figure de résilience et de leadership intuitif.
C’est ce même flair qui l’a conduit, bien avant ses concurrents, à comprendre tout le potentiel du Plan d’Épargne Retraite (PER), perçu en 2019 comme un produit de niche sans grand avenir. Là où d’autres attendaient de voir, il a foncé, convaincu que le marché finirait par s’aligner sur cette vision. Aujourd’hui, alors que le PER s’impose comme une évidence indiscutable de la gestion patrimoniale, il apparaît rétrospectivement comme un coup de maître.
L’art du timing, entre patience et audace
Agir avec célérité ne signifie pas, en soi, choisir le mauvais moment ; au contraire, c’est souvent le signe d’une intuition aiguisée quant à l’instant opportun. Cette nuance, essentielle, Olivier Farouz l’a intégrée au fil des ans. Il raconte ainsi comment, malgré les multiples sollicitations, il a longtemps refusé d’investir dans l’immobilier. Un choix qui pouvait paraître contre-intuitif… jusqu’à aujourd’hui, où le marché s’est effondré. « Tout le monde s’est engouffré dans l’immobilier ces dernières années. Mais c’est maintenant qu’il faut s’y positionner. », tranche-t-il avec la froide lucidité du stratège.
Car c’est bien là que réside sa force, savoir attendre, sans jamais être attentiste. Il préfère renoncer à une opportunité séduisante plutôt que de s’engager dans une voie hasardeuse. Une prudence qui n’a rien de frileux, mais qui relève d’une compréhension fine des cycles économiques et des dynamiques de marché. Une vigilance qui ne saurait confondre réactivité et précipitation, de celles qui refusent de céder à l’excitation d’un accord immédiat pour cultiver l’art de dire « oui » sur le champ, uniquement lorsque le moment s’y prête parfaitement.
L’entreprise comme lieu de sens
En creux, une question fondamentale transparaît : quelle est la finalité de l’entreprise ? Doit-elle se limiter à être un instrument d’accumulation, ou peut-elle se penser comme un espace de progression collective, où la valeur se crée, se transforme et se partage ? Le modèle du Groupe Premium semble répondre sans ambiguïté : la performance et la dimension humaine ne sont pas antagonistes, mais indissociables. Un capitalisme ni naïf, ni cynique, où l’on ne renonce ni à l’ambition, ni à la responsabilité sociale. Un modèle qui ne se contente pas d’adopter les codes du monde économique tel qu’il est, mais qui tente, à sa manière, d’en redéfinir les contours.
A l’heure où les postures éthiques sont parfois brandies comme des arguments marketing, cette approche peut sembler téméraire. Mais c’est précisément cette tension entre audace et rigueur, instinct et rationalité, qui fait la singularité d’Olivier Farouz et du Groupe Premium.
En définitive, ce n’est peut-être pas uniquement la réussite économique qui distingue cet entrepreneur. C’est la réflexion qui l’accompagne. Une capacité rare, et précieuse, à conjuguer le temps court de la performance et le temps long du sens. Un équilibre subtil, qui, au-delà des chiffres, pourrait bien être la clé de la pérennité.
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